C’est-tu difficile de traduire des textes pour le marché québécois? Ben non! Faut juste pas écrire trop pointu, mais quand même pas prendre les lecteurs pour des niaiseux.

À en croire certaines publicités télévisées, c’est ainsi qu’il faudrait parler aux Québécois. Peut-être, mais peut-être pas. Les humoristes, eux, misent là-dessus et c’est sans doute pour ça que, dans certains pays francophones du monde, on reconnaît le parler québécois sans le comprendre. On a besoin de sous-titres.

Et, croyez-moi, les gens trouvent ça adorable. En Belgique, où j’ai habité plusieurs années, les amies de ma fille me demandaient de parler avec elle pour entendre enfin son accent, qui disparaissait dès qu’elle passait en mode belge. Mais attention : les Québécois vous diront qu’ils n’ont pas d’accent, que ce sont les autres francophones qui en ont un! Et puis, comment cerner le véritable accent québécois, alors qu’il suffit de 200 kilomètres de route enneigée pour créer une communauté capable de se reconnaître à l’autre bout du monde?

Au niveau de la langue écrite, la différence n’est pas aussi marquée. Reste pourtant que les auteurs et les traducteurs doivent savoir à qui ils s’adressent au moment de rédiger leurs textes. En effet, même si le terme « magasinage » fait partie de la langue courante au Québec, il sera accepté avec un sourire en France et reçu avec scepticisme, voire incompréhension, en Belgique ou en Afrique. Et ce n’est qu’un exemple des nombreux termes qui font partie de la langue officielle, sanctionnée par l’Office de la langue française.

Office Québecois de la langue française

L’Office québécois de la langue française

Une publicité du Barreau du Québec, par exemple, c’est sérieux, surtout si elle met en évidence la responsabilité sociale des avocats. Par contre, un article destiné aux jeunes et véhiculé dans les réseaux sociaux prendra un ton beaucoup plus léger, en tutoyant et en insérant quelques abréviations à la mode. En sachant précisément à qui on veut s’adresser, on peut adopter le ton et le vocabulaire voulus, ceux qui font mouche sans choquer. Au-delà de la localisation, ce ciblage exige non seulement une excellente connaissance du marché visé, mais aussi une sensibilité à l’égard de sa culture.

Au Québec, il faut d’abord connaître les subtilités de la langue et saisir toute l’importance culturelle du français. Avant la dernière relecture d’un texte original ou traduit, on enfile sa tuque et ses mitaines et on se met en mode québécois. C’est l’essence de la communication.